Et maintenant ? C'est reparti !

Publié le par Fred

Après un premier départ avorté pour diverses raisons - la frustration de parler devant une "salle vide" n'étant pas la moindre - j'ai décidé que le temps de la colère solitaire et stérile n'avait que trop duré... et qu'il était grand temps de reprendre l'écriture de ce blog.

Colère... pour ne pas dire dégoût. Le mot est faible face au climat réactionnaire ambiant. Au mois de juin dernier, j'écrivais ma crainte que la peur de l'étranger, à nouveau manifestée (après le 21 avril 2002) dans le vote "non" au référendum (peur de la Turquie musulmane à droite, de la concurrence des ouvriers de l'Est à gauche) ne remette la question de l'immigration au coeur du débat politique, et ne soit utilisée par le gouvernement pour flatter les plus bas instincts populistes... Sans revenir en détail sur les récents événements en banlieue (mes prochains billets me donneront l'occasion d'en tirer quelques enseignements), il est clair que ceux-ci ont créé un climat favorable à ceux qui  - par intérêt électoral ou pire, par conviction - défendent une lecture ethnique des échecs de l'intégration à la française, caressent la nostalgie de la France coloniale, ou manipulent l'amalgame jeune / etranger / terroriste pour faire admettre des atteintes aux libertés publiques.

Dans ce contexte on ne peut moins favorable, les plus optimistes veulent croire que la radicalisation du discours sakozien, qui trouve un large écho auprès des classes populaires, de la majorité parlementaire et des médias audiovisuels,  créé un espace pour la gauche lors des prochaines échéances électorales. Il est vrai que l'agitation médiatique et populiste du ministre de l'intérieur ne cache que partiellement la réalité d'une politique gouvernementale désavouée à chaque élection depuis les régionales. Du CNE à la privatisation des autoroutes, du plafonnement de l'impôt sur le revenu à la réforme de l'ISF, on assiste même à une accélération de cette "modernisation" libérale que les urnes n'ont eu de cesse de rejeter.

Si les conditions d'une défaite de la droite sont réunies,celles d'une victoire de la gauche restent à construire. Car la "synthèse" du Mans, dont je ne nie pas par ailleurs l'absolue nécessité, donne une idée de l'immense chemin qui reste à parcourir. D'un repli sur les fondamentaux de gauche (figure rituelle des grands-messes militantes), il faut passer à la construction d'un programme inventif et réaliste, ouvrant de nouvelles perspectives dans les questions prioritaires de l'emploi, du partage de la valeur ajoutée entre travail et capital, et de la construction d'un modèle de croissance soutenable et écologiquement compatible. Pour sortir de la crispation sécuritaire - de nouveau d'actualité après le traumatisme d'une campagne présidentielle confisquée par ce seul thème- il faut oser proposer une réinvention du modèle républicain, et porter haut de nos exigences de démocratie, d'égalité des chances et d'intégration.

Et maintenant ? C'est reparti. Avec plus que jamais l'ambition - à mon humble niveau -de faire vivre le débat citoyen pour une alternative à la fatalité d'une France (trop) à droite.

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F
Merci de ton intervention... à laquelle je vais tenter de répondre.Sur le fait que tu trouves ici beaucoup de constats et peu de propositions... c'est sans doute vrai mais aussi un peu dur. Vrai, parce que c'est l'actualité qui commande les thèmes que j'aborde. Dur parce qu'entre une vraie politique de biocarburants,  ne plus faire peser les charges patronales sur la masse salariale, remplacer les concours par des soutenances, établir une doctrine pragmatique et claire sur les privatisations (...), je tente toutefois d'y mettre quelques pistes pour susciter le débat. Il est clair que dans l'opposition, la critique est facile. Mais elle permet de définir des lignes et des principes qui nous engagent au pouvoir. En tout cas elle le devrait... peut-être que ca répondrait à pas mal de désillusion sur la politique.Créer un parti, défendre un programme ? C'est assez français de créer un groupuscule dès que l'on est pas en accord avec 100% du programme de l'un ou de l'autre parti en compétition. On y peut rien, le compromis ne doit pas être dans nos gènes ;-)La vraie ambition politique n'est pas d'exister et de défendre ses idées, c'est de les faire gagner et de les voir appliquées. C'est à mon sens à cela que sert aujourd'hui la blogosphère : à faire émerger, partager, évoluer et murir les idées qui (peut-être) alimenteront demain le débat électoral. Les blogs ne servent pas à concurrencer le monde politique (on a deja bien assez de candidats, non ?), mais à le nourrir, pour que l'on ait plus à se plaindre de sa "déconnexion". Illusoire ? Pas plus que de créer un parti... et même certainement moins : les partis sont demandeurs et ont bien compris l'intérêt de ce nouveau média.Maintenant, si toi ou d'autres veulent utiliser cet espace pour promouvoir leurs idées dans ce but... je le dis et le répète : c'est un lieu public de débat, et tout ce qui peut le faire avancer m'intéresse.
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K
Et maintenant ?<br /> Pour cette nouvelle année 2006 comment réaliser des propositions innovantes pour créer une réelle alternative sociale. Le constat fait dans tes différentes interventions est souvent intéressant et créer ce blog est en soit innovant. Mais l’heure des propositions tarde à venir. Sommes nous dans un pays où le temps des grandes idées et même des idées tout court est révolu ?<br /> Pour moi le besoin d’une alternative est plus que jamais à l’ordre du jour et il sera à son paroxysme en 2007.  Il est donc temps que des hommes et des femmes prennent des initiatives et s’engagent dans la création d’un programme de l’alternative sociale. On pourrait entendre dire que cette alternative existe mais pour ma part je ne l’ai pas encore trouvé car l’échiquier politique est le même depuis 20 ans. On ne peut pas être là aujourd’hui avec des hommes d’hier et espérer au changement demain.<br /> <br />  <br /> <br /> « Avec plus que jamais l'ambition - à mon humble niveau -de faire vivre le débat citoyen pour une alternative à la fatalité d'une France (trop) à droite. » le mot « ambition » s’oppose à ton « humble niveau » et à quoi sert d’établir un débat citoyen si rien ne le porte à être défendu dans les urnes. <br /> Pour créer le débat, l’ambition doit être bien plus grande. L’heure des propositions étant venues je vais donc réaliser la première. Je te propose donc que ton blog soit l’embryon d’un parti de l’alternative sociale qui a pour objectif de présenter un programme social présent sur la scène médiatique en 2007. Comment ? Le groupe de pensée doit naître ici sur ton blog et être amené à se réunir pour débattre et établir ce programme.<br /> Pourquoi ne pas commencer à réfléchir et apporter des premières réponses à ces questions : Actuellement vers où allons nous en tant que français, nous entendons toujours « faîtes des efforts » mais pourquoi, pour atteindre quel objectif, quel idéal ? Pouvons nous définir des grands axes d’actions pour arriver à une réelle mixité sociale,  à une France innovante dans des domaines stratégiques à moyen et long terme (l’énergie, l’eau, les transports, la médecine), à une France où le don citoyen dans ses formes diverses (impôts, engagement associatif, régime de la sécurité sociale,…) est une fierté nationale ? <br /> <br />  <br /> <br /> Et maintenant ? L’alternative ne doit plus être un mot mais un groupe de pensée, un parti, un programme.
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B
Et sinon, bravo pour la reprise et tiens bon je t'envoie du monde ;-)<br />
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B
Ouais, Fred, je vois bien que tous tes mots sont comme d'hab soigneusement pesés, mais de l'écoeurante bien que tellement prévisible synthèse, au "programme inventif" (excuses moi, mais je ne peux m'empècher de biffer "et réaliste"...)c'est bien plus qu'un immense chemin, j'ai bien peur que ce soit un gouffre définitif et infranchissable...
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